Ingrid Frégeau Sculpteur
 

 

                  Ingrid Frégeau- Mot de l’artiste
 

 L’ art est une histoire d’amour; la sculpture est une de mes façons d’aimer.  La série Rendre Homage À Nos Artistes me permet de partager mon amour pour les artistes.  Ce sentiment a pour origine l’amour pour ma mère, Marielle Lord, la première de toutes les artistes pour moi.  Sentiment qui  la transcende et s’étend de manière  universel  vers d’autres artistes et leur contributions.  Je rends homage aux artistes de l’est d’Hawaii, puisque chacun de nous est le témoins de son temps et de sa communauté.  Il y a tant d’artistes à Hawaii qu’il ne m’était pas possible en trois ans de faire le buste de chacun d’entre eux, cela dit, mon intention est de rendre homage à tous les artistes.  Le groupe d’artistes représentés n’est donc pas une sélection, mais un échantillon qui symboliquement inclue tout artiste.  Plus de vingt-cinq sont venus s’asseoir dans mon atelier pendant environ six heures.  Un temps qui m’a permi d’un peu mieux les connaître et de les apprécier encore davantage.

Rendre Homage à Nos Artistes a commencé lors d’une expérience heureuse auprès d’un bon ami.  Cet ami était alors le tout premier à venir s’asseoir à l’atelier, ce qui n’était pas un hasard puisqu’il est une personne de confiance, d’agréable compagnie, lui-même un artiste, capable de me mettre à l’aise, et avec qui la pression de modeler son buste s’est transformée en invitation à profiter de la vie.  Cet ami, Ray Johnson, un excellent acteur, fêtait alors ses 80 ans.  Il était venu à pied jusqu’à la maison, et encore essouflé était venu s’asseoir pour poser.  J’allais alors tenter de participer au prestigieux concours Schaefer Portrait Challenge pour l’exposition 2012 de Maui, une compétition au niveau de l’état d’Hawaii qui a lieu tous les trois ans.  Mon mari, Jerry Warren,  s’assurait que la conversation et le bon vin ne tarissait pas.  Cette séance me permi  de découvrir que l’art à l’atelier pouvait être partagé en bonne compagnie.  Le buste de Ray fît partie de l’exposition de Maui, ce qui confirma que quelque chose de  significatif avait eu lieu dans mon petit atelier.  Ce buste mis fin à un passe temps et annonça une passion pour la sculpture, car j’ai tout de suite voulu renouveler l’expérience.

Je désirais commencer par des portraits d’artistes parce qu’ils comprenaient bien mon travail, qu’ils se portaient volontaires à mon entreprise et sans préjugés en ce qui concerne une séance à l’atelier.  Ces artistes auxquels je m’identifie, que j’admire et respecte, et dont le travail n’est pas assez  reconnu , je les voulait de leur vivant, et non une fois parvenus au musée.  J’avais peu d’expérience en séance d’atelier, mais la conversation, la musique, le bon vin de Jerry, tout se fît avec intuition et sincérité.  Jerry a joué un rôle très important au cours des trois années de ce projet.  Il est l’hôte parfait.  Cela m’a permi de me concentrer son mon modèle et le modelage sans avoir à participer à la conversation.  Un buste à la fois, le projet a pris de plus en plus plus de signification.  

Il  est évident que le buste, en tant que forme artistique, ne peu prétendre à une révolution esthétique.  Le buste est démodé, bourgeois; il a par tradition été destiné aux riches et puissants de ce monde.  Pourtant, le buste me permettait maintenant de célébrer ces artistes traquilles, timides, humbles, et pauvres; le buste me permettait de reconnaître leur esprit créatif, leur présence, leur passion.  Les artistes  de toutes nations et de toutes époques appartiennent à tout le monde : leur art est universel et mes bustes leur serviraient de pont à travers le temps.  On ne les oublierait pas de si tôt. C’est donc dans cet état d’esprit que mon admiration pour eux s’est matérialisée en une série de bustes; j’ai célébré Pigmalion et son amour pour Galatée.  Ce projet est née d’une passion artistique et n’a été possible qu’avec les artistes et pour les artistes.

Chaque buste est monté à la main avec des colombins d’un quart de pouce d’épaisseur.  Ils sont donc vides à l’intéreur, comme des vases inversés, et cuit à plus de deux mille degrés.  Quelques uns sont décorés avec de la barbotines, cuite elle aussi.  Les colliers de fleurs ou bijoux ont été cuits séparément et assemblés par la suite.  L’espace du  torse a permi d’explorer une interprétation  et d’exprimer la perception que l’artiste a eu du model le jour de la séance de modelage.  Le four à céramique fonctione à l’énergie solaire.

Il  ne reste qu’à souhaiter bon voyage à ces bustes.  Que leur regard inspire la contemplation, l’attention, la créativité et le partage.  Les œuvres d’art ont une vie qui leur appartienne à part entière, et celles-ci portent les traits de nos artistes de l’est d’Hawaii désormais célébrés, et  allant vers les amoureux de l’art de l’avenir.